Débat public du Conseil de sécurité des Nations Unies

Maintien de la paix et de la sécurité internationales :

la sécurité dans le contexte du terrorisme et des changements climatiques

 

New York, le 9 décembre 2021

 

Intervention de S.E. M. Olivier Maes

Ambassadeur, Représentant permanent du Luxembourg

 

Monsieur le Président,

Le Luxembourg remercie la présidence du Niger d’avoir organisé cet important débat public du Conseil de sécurité, ainsi que le Secrétaire général, le Président du Niger et les responsables de l’Union africaine et de la Commission du bassin du lac Tchad qui ont enrichi le débat en nous apportant leur éclairage.

Le Luxembourg souscrit pleinement aux déclarations qui seront faites par l’Union européenne et par le Groupe des Amis sur le climat et la sécurité. Permettez-moi d’ajouter quelques éléments à titre national.

Des études scientifiques de plus en plus pointues établissent une causalité entre la dégradation des ressources naturelles, accélérée notamment par le changement climatique, et la genèse de tensions dans plusieurs régions du monde.

Dans la région du Sahel en particulier, dans un contexte de croissance démographique et d’accès de plus en plus restreint aux ressources naturelles, le changement climatique exacerbe la vulnérabilité des populations. Il est estimé que les températures augmentent 1,5 fois plus vite au Sahel que dans le reste du monde. Le changement climatique contribue à la raréfaction des terres fertiles et des ressources en eau et, par ce biais, à une concurrence accrue entre les communautés pour l’accès à ces ressources, multipliant ainsi les tensions et les risques de conflit dans un espace écologiquement fragile.

Permettre aux populations rurales de disposer de droits d’accès à leurs terres agricoles et pastorales pour pouvoir y investir et produire de manière durable, aider ces populations à restaurer les écosystèmes dégradés, contribuerait non seulement à la prévention des conflits, mais aussi à la réduction de la pauvreté et à un développement durable. Ce n’est qu’en nous attaquant aux causes profondes des problèmes que nous pourrons trouver des solutions durables.

Des observations concordantes rapportent que les groupes terroristes au Sahel ciblent les milieux les plus marginalisés de la société pour recruter de jeunes combattants. Pour relever ce défi, la communauté internationale doit agir à deux niveaux : en soutenant la mise en place d’institutions efficaces et démocratiques permettant une gouvernance inclusive et équitable des ressources naturelles ; et en continuant de s’engager pour le renforcement des capacités des forces de sécurité afin de permettre aux États affectés de combattre le terrorisme plus efficacement. Le Luxembourg contribue à ce double effort.

Par exemple, en tant que chef de file du soutien au secteur de l’eau et de l’assainissement au Niger, le Luxembourg travaille avec les autorités nigériennes pour renforcer les services publics inclusifs de l’eau dans les zones fragiles grâce à une approche ascendante, en aidant à renforcer les institutions au niveau local.

De plus, en coopération avec le European Institute of Peace et plusieurs acteurs locaux, nous envisageons de soutenir un projet dans la région du Liptako-Gourma, à la frontière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger afin d’étudier les différents modèles de gouvernance des ressources naturelles et d’en déceler les facteurs déterminants de succès pour soutenir leur réplication ailleurs.

Monsieur le Président,

Compte tenu du lien qui existe indéniablement entre les effets néfastes du changement climatique et la paix et la sécurité internationales, il est à nos yeux indispensable que les implications sécuritaires du changement climatique soient prises en compte par le Conseil de sécurité, les opérations de paix et les missions politiques spéciales des Nations Unies dans leurs analyses et leurs actions.

A l’instar de nombreux Etats membres, le Luxembourg plaide pour que le Conseil de sécurité accorde toute l’attention requise au lien entre climat, ressources naturelles et sécurité. A cet égard, nous saluons vivement le projet de résolution sur le climat et la sécurité que l’Irlande et le Niger ont présenté. Le Luxembourg a décidé de se porter coauteur du projet de résolution et nous espérons que le Conseil de sécurité sera bientôt en mesure d’adopter cette importante résolution.

Je vous remercie.

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